INTERVIEW • Carlo Puca, journaliste infiltré : "la Camorra affiche ses crimes"
INTERVIEW • Carlo Puca, journaliste infiltré : "la Camorra affiche ses crimes"

Carlo Puca, 42 ans Originaire de Naples, Carlo Puca, 42 ans, est reporter et chroniqueur politique à Panorama depuis 2006. Au début de sa carrière, cet autodidacte s’est fait connaître grâce à un reportage en caméra cachée sur un combat de chiens organisé par la Camorra. Il a participé en 2003 à la création d’Il Riformista (quotidien orienté à gauche qui a cessé de paraître), avant d’en devenir l’un des principaux journalistes politiques. En 2008, une de ses enquêtes sur les constructions illégales de Pompéi a fait grand bruit. Sur le site Internet de Panorama,son article sur Scampia a battu tous les records de visites : il a été lu par plus de 40 000 internautes. Puca rédige actuellement un livre sur ses cent jours d’immersion, qui paraîtra en Italie en janvier 2013.
Pourquoi ce reportage sur Scampia, un lieu sur lequel on a déjà beaucoup écrit ?
Carlo Puca : La plupart des récits sur Scampia, y compris Gomorra [de Roberto Saviano, paru en 2006 et adapté au cinéma par Matteo Garrone en 2008], mettent en avant les criminels et sont élaborés à partir de récits de repentis. J’ai voulu raconter les choses de l’intérieur, montrer la vie quotidienne. Et j’avais envie et besoin de quitter un peu mon petit bureau de journaliste embourgeoisé.
Comment avez-vous fait pour entrer dans le quartier sans éveiller les soupçons ?
C.P. : J’avais un contact, quelqu’un qui vit à Scampia, qui m'a été présenté par un ami. Parce qu’il avait besoin d’argent, il a accepté de me loger pour 400 euros par mois. Je ne lui ai pas dit que j'étais journaliste je lui ai juste dit que j'avais besoin d'une piaule. C'était mon unique contact à Scampia et c'est grâce à lui que j'ai pu m'infiltrer dans le quartier, très surveillé et contrôlé par les camorristes. J’avais déjà mis au point mon histoire de divorcé un peu paumé. Aux premières personnes qui m'ont demandé qui j'étais, j'ai raconté que ma femme m'avait quitté, que j'avais perdu mon boulot.
Aviez-vous prévenu la police de votre projet de reportage au cas où seriez en danger ?
C.P. : On s'est posé la question avec mon rédacteur en chef et le directeur de Panorama. Finalement, on s'est dit qu'être de mèche avec la police risquait de fausser l'enquête. Par contre, on s'est mis d'accord pour que mes chefs soient joignables en permanence. Et ils savaient aussi très précisément où je logeais.
Comment vous êtes-vous préparé ?
C.P. : Bien que né dans la région de Naples, j'ai perdu mon accent car je n'y vis plus depuis longtemps. J'avais donc besoin de me familiariser à nouveau avec la langue. Un mois avant le début du reportage, je suis allé très régulièrement dans les environs pour m’approprier l’accent et le dialecte si spécifiques à cette zone : un mélange de napolitain vulgaire et de dialectes plus méridionaux. Ça a beaucoup facilité mon intégration. Et puis je me suis fait faire des faux papiers d'identité. A Naples, rien de plus facile.
Pendant ces cent jours, quel moment vous a le plus marqué ?
C.P. : Le jour de mon arrivée, le 9 janvier. La veille, dans la nuit, un boss, Raffaele Stanchi, avait été sauvagement assassiné. Tout le monde en parlait, les télévisions, les radios mais aussi chaque personne que je croisais. Ils en parlaient en détail : le tabassage, la torture, la mort à coups de couteau de boucher et les mains arrachées au sécateur. C'était épouvantable. J'étais terrorisé. A la différence de la Mafia [en Italie, la Mafia désigne Cosa Nostra, la mafia sicilienne], très discrète, la Camorra affiche ses crimes et ses homicides. On fait connaître ses crimes pour intimider son entourage, montrer que l'on a peur de rien.
Dans votre article, vous dites que les camorristes effectuent de nombreuses fouilles à l'entrée des immeubles. Où est-ce que vous cachiez vos appareils photo et votre caméra ?
C.P. : Au début je ne me promenais jamais avec ma petite caméra. J'ai subi quelques fouilles et quand ils ont vu que je n'avais rien ils ont arrêté de me fouiller. La plupart des photos ont été prises avec mon iPhone. J'ai fait aussi pas mal de vidéos en camera cachée mais je ne les ai pas encore montrées. Il y a encore un gros travail de dérushage et je ne sais pas encore ce que je vais en faire. Le risque, bien sûr, c'est de montrer les visages. Je ne suis ni un magistrat ni un policier, je suis un chroniqueur. Mon travail, c'est de raconter des histoires.
Qui a pris les photos de vous ?
C.P. : C'est une photographe napolitaine, Ada Masella. J'ai réussi à la faire venir l'avant-dernier jour. A Scampia, quand il y a une descente de police, tout monde part se cacher. Tu es tranquille pour deux heures. J'ai donc attendu le bon moment et j'ai appelé Ada pour qu'elle vienne faire des photos de moi.
Depuis la sortie de l’article, avez-vous reçu des menaces ?
C.P. : Oui, j’ai reçu quelques mails anonymes du genre : "Prépare-toi, car ce que tu as écrit nous a mis en colère", ou "Tu n’es qu’un vendu de chacal".
Avez-vous réclamé une protection policière ?
C.P. : Après le reportage, un magistrat m’a proposé une tutelle : des policiers qui surveilleraient mes déplacements, deux à trois fois par jour. Mais je ne veux pas rentrer là-dedans. Ça ne m’intéresse pas de jouer les héros, d’être le symbole de quelque chose. Si je retournais à Scampia et que je rencontrais les gens que j’y ai côtoyés pendant trois mois, je risquerais gros. J'ai eu mon "hôte" une fois au téléphone. Il était furieux – ce que je comprends – et les liens sont complètement rompus. Mais à part ça, sincèrement, je ne risque pas grand-chose. Les boss sont intelligents : ils n’ont aucun intérêt à m’assassiner.
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